Les
vrais problèmes c’est maintenant et je
serai mis dans l’ambiance dès la sortie du village. La pente est forte avec des
virages serrés en épingle à cheveu. Le sol est assez meuble, un mélange de
pierre et de sable. Le pilotage est réellement malaisé et je ne parviens pas à
tourner sans poser le pied à terre et comme le sol est sablonneux.. ca glisse..
et je ne peux éviter le tout droit. Pour la seconde fois, la moto se couche
lentement sur le sol dans un tas sablonneux. Pas de dégâts. Il fait assez chaud.
La tension et l’effort font que je suis trempé de sueur. Des gamins m’aident à relever
l’engin et faire des manœuvres sur place. Ma confiance est ébranlée et je sais
que c’est une partie assez dure mais aussi assez déserte. C’est dire que le
moindre accident corporel ne disposera d’aucune assistance proche et rapide. La
tension est forte mais dans le même temps, je sais qu’il me faut au contraire
me décontracter pour affronter la distance. C’est reparti..
Après un démarrage assez escarpé, la piste s’élargit à
nouveau. Le pilotage est plus cool. Je me relaxe .. peut-être un peu trop peut être quand arrive une zone sablonneuse.. c’est
la troisième chute. peut être un effet altitude.. plus de 3500 mètres..
Une nouvelle portion, assez aérienne, s’annonce en montée régulière à flan de
montagne. La seule présence est celle d’un couple de cyclotouristes polonais ,
Bartoz et Monka. ...
puis un motard australien qui fait le trajet dans le
sens inverse.En voulant éviter un passage délicat.et surtout une chaussée partiellement
effondrée du fait de l’érosion de la riviere une centaine de mètre en
contrebas... c’est une nouvelle chute..
Après
plusieurs kilomètres d’une longue piste, c’est l’arrivée à un poste de contrôle
frontalier avec l’Afghanistan, probablement l’un des plus hauts au monde à près
de 4300 mètres. Un étrange impression et
une expérience unique de se voir contrôler à une telle altitude..
Une
fois la frontière passée, c’est la longue descente. Il est 16 h. Le coucher du
soleil est prévu pour 18h 27..Je pense être décontracté mais un passage de fech
fech va me remettre les idées en place. Le Fech Fech, ce sont des particules fines de poussière
très légère, bien plus volatile que le sable. Cela ressemble à des cendres. Le
passage à franchir est d’une quarantaine de mètres. La théorie est simple.
Mettre les gaz mais pas trop, tenir fermement
le guidon avec souplesse. C’est en ayant ces paramétres en tête, que je
me lance au franchissement de ce passage. Selon les passages, le Fech Fech
atteint 10 à 40 cm d’épaisseur sans donner aucune visibilité sur ce qu’il
recouvre en particulier une pierre qui me déséquilibre. Par rapport aux
précédentes chutes, celle-ci est un peu plus sévère car je roulais plus vite.
J’apprendrais par la suite que dans les compétitions, les motards dégonflent
leurs pneus. De plus en ayant choisi, un pneu mixte, il est moins bien adapté
qu’un dédié à ce type de passage. Cette fois ci, relever la moto est plus
difficile car elle a basculé. La valise a été déformée. Je suis à l’ombre, il
commence à faire de plus de plus frais et je ne parviens pas à relever le
véhicule. Pas de poussière à l’horizon, donc pas d’espoir d’obtenir de l’aide d’une
voiture ou de bergers. Le seul moyen est
de vider la moto, enlever les sacoches, le paquetage, les pneus.. cela ne
suffira pas. Je parviens seulement à la faire basculer, mais elle est trop
lourde. Je creuse sous la roue pour donner une meilleure amplitude de
mouvement. J’essaye plusieurs fois en vain malgré une forte automotivation. Finalement
je me tourne, et en plaquant le dos à la moto, j’essaye à nouveau tel Jean
Valjean tentant de soulever la charrette qui écrase le pére Fauchelevant . Je m’engueule,
je m’encourage d’un aller/ aller mon vieux ..
Au pire je coucherais sur place et attendrais un passage demain. Cela
fait plus d’une heure trente que je suis bloqué ici. Je tente une nouvelle fois
en appuyant mon dos sur le siège et en soulevant. Cette fois ci, je parviens
presque à la remettre d’aplomb. Je sens que c’est possible. Cela me booste pour
une nouvelle tentative. Ca y est, j’ai franchi l’inclinaison critique et je
parviens à mettre la béquille latérale. Personne n’est là, mais je suis assez
fier d’avoir réussi. C’est précisément pour pouvoir gérer ce type que faire le
voyage à plusieurs est plus sure. Je recharge la moto, et les valises. Il y a
peu de casse mais par contre, tant la moto que moi-même sont couverts de
poussière. Je repars et j’attendrais la route asphaltée peu avant
la nuit.
Rétrospectivement,
ces cinq chutes de moto en une seule journée trouvent probablement leur cause
dans l’état de la piste, mais aussi le stress et l’appréhension, notamment
parce que j’étais seul avec probablement mais surtout une dose de fatigue
supplémentaire du à l’altitude puisque tout çà est advenu entre 3500 et 4300
métres.
Finalement
la journée se termine ..il ne reste qu’à trouver un lieu pour dormir..
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