Au franchissement du tunnel il est déjà plus de 21 heures et cela fait plus de 2 heures que la nuit est tombée. Comme l'altitude de la route a oscillé entre 2800 et 3000 mètres autant dire qu'il a fait froid. le corps est pris de tremblements, une sorte de frissons prolongés qu'il est impossible de contrôler même à l'arrêt. Je guette l'altimètre en espérant voir les chiffres descendre.. Mais rien et cela dure depuis le coucher du soleil. En aucun cas j'avais imaginé un t'elle fin de parcours.Après le plus haut tunnel jamais franchi, à près de 3200 mètres c'est la plongée vers Bichkek.
Pour la première fois depuis le coucher du soleil, je vois l'altimètre descendre. Mais mon allégresse est de courte durée. Si je dépasse facilement les voitures, il y a un inconvénient majeur. Les phares du flot de voiture illuminent la route, ce qui facilite grandement le pilotage et la nécessaire anticipation des virages pour incliner la moto. Ces éclairages ont un autre avantage, ils permettent d'éviter les nids de poules qui déstabilisent tout motards par un guidonnage imprévisible. Une fois le plaisir de remonter la file de voiture devant moi, je finis par me retrouver le premier de la file. Si c'est satisfaisant pour l'ego du motard, c'est par contre plus délicat pour la conduite. En effet le phare éclaire la route en face mais contrairement aux anciennes Citroën SM Mazeratti, il ne tourne pas avec la route ce qui ne permet guère une conduite anticipante des obstacles, nids de poule, trous dans la chaussée voire des pans de chaussée glacés .. Le point positif est que l'altimètre descend régulièrement. Je dépasse le seuil psychologique des 2800 mètres avec lequel j'ai flirté ces dernières heures.
J'ai l'impression que la température s'élève .. l'euphorie d'un probable lit chaud me tient en haleine tout comme un cheval qui va rejoindre son écurie. Au bout d'une bonne heure j'atteins les faubourgs de Bichkek. La ville est très peu animée. De grandes flaques d'eau inondent la rue en terre battue où se trouve en principe l'hostel désigné par les routards rencontrés à Och. J'arrive au bout de la rue mais aucune trace de mon lieu d'hébergement.. Pourtant c'est la bonne ruelle.. C'est du moins ce que m'a confirmé les rares personnes que j'ai rencontrés..Une voiture de police me croise au ralenti. Je sens le regard inquisiteur des deux occupants, mais compte tenu de ma plaque d'immatriculation on me laisse tranquille. Ici la langue véhiculaire est le russe.. Avec l'anglais aucune chance.. En l'occurrence cela m'arrange plutôt.. Il me faut faire demi tour c'est un plus compliqué la mare d'eau fait au moins 5 mètres de diamètre et il est plus de 23 heures. Je reviens sur mes traces, mais aucune indication de l'Hostel. En arrivant près la rue principale, je montre la copie d'écran Avec le nom de l'hôtel. Je comprends qu'il s'agit d'une rue perpendiculaire à celle indiquée. Le numéro ne sert que de repères. En m'engageant dans cette ruelle encore plus défoncée que la précédente..j'arrive devant une porte en ferraill, ornée de dragons et autres chinoiseries. Je sonne.. C est effectivement là. Malgré l'heure tardive, je suis bien accueilli. Des draps me sont donnés et je peux rejoindre un dortoir de 4 personnes.Dans la salle de réunion, un groupe de jeunes israéliens et autrichiens m'accueille et me propose du thé. Il faut dire que le cumul du froid et de l'humidité provoque de gros frissons que je ne peux contrôler.. Enfin la journée se termine.. Le lit est chaud et douillet..
Réveil de bonne heure, car les autres occupants partent pour un trek au bord du magnifique lac.Un Couple de jeunes canadiens me donne l'occasion de vérifier que je n'ai pas oublié le français.. C'est aussi l'occasion de faire le point sur les points d'intérêts immanquables de Bichkek. Tout respire l’ère soviétique, de larges avenues, des monuments massifs, de nombreux touristes russes et beaucoup d'officine de changeurs. Mais les prix affichés ne sont guère changé..et le cours annoncé n'a rien à voir avec celui exhibé sur les panneaux lumineux..Pas d'euros.. Mais simplement le USD. Dans les banques, le cours est officiel.. Mais les queues sont tres longues et les employés ne semblent guère enclins à aller vite...entre 10 et 15 minutes par transaction. Il me faut régler l'hôtel.. Alors ce sera un changeur.. Bishkek (ou Bichkek) est une grande étape sur la route de la soie. C'est la capitale économique, avec son aéroport international et sa base militaire. Le mélange culturel est assez prononcé avec des russes, des kighizes mais aussi des ukrainiens, des ouighours, des ouzbeks, des tatars.. C'est le point de départ pour de nombreux treks. Les avenues sont larges et la circulation assez dense. Des marchés où il fait bon se promener et où de délicieux sandwichs, à base de morceaux de divers viandes grillées, de salade et d'une excellente vous y attendent. Le plein et quelques photos.. Il est temps de repartir en Direction de la frontière avec le Kazacstan (Kazakhstan)..S'agissant de transposition de l'alphabet cyrillique, comme partout dans la région, vous trouverez différentes orthographes. Sans carte ni GPS, il me faut naviguer à la boussole, Direction Nord, Nord Est. Il y a de nombreuses voitures et je remonte les files sans trop de difficultés.
Au bout d'une vingtaine de 20 kilomètres, les voitures sont à l'arrêt bloquées par une barrière qui précèdent un no mans l'ADN entre le Kirghistan et le Kazacstan. Tandis que je remonte la file de voiture à l'arrêt, j'entends un coup de sifflet. j'aperçois deux policiers ventripotents assis sur une sorte de promontoire de l'autre côté de la chaussée. Effectivement au sol, il y avait une ligne mais comme tout le monde est à l'arrêt (hormis les motards qui remontent les files), je n'y ai guère prêté attention. En fait ce coup de sifflet me concernait. En un éclair, je me suis rappelé l'épisode de mon buddie PMB qui s'est fait lui aussi arrêter pour ne pas avoir respecté un temps d'arrêt à un stop au sol. Cela lui a coûté 50 USD.. Je continue donc en bougeant la tête dans tous les sens faisant mine de chercher l'objet de ce coup de sifflet. Je franchis'à peine deux cents mètres quand un douanier règle la circulation pour accéder dans le sas de la douane.
En fait il ne laisse passer les véhicules que par groupe de 5 tandis qu'un autre Sass, fabriqués d'un long tunnel à armatures métalliques canalise les voyageurs à pied. Certains transportent d'énormes ballots, sac en toile sur des chariots ou des diables. J'ai réellement l'impression de me retrouver en train de franchir un contrôle militaire, tels un palestinien entrant en Israël. De là, où je suis je peux observer dans mon rétroviseur les deux policiers au ventre rebondi. La distance est telle qu'ils pourraient aisément venir à ma hauteur et réclamer leur dîme. Mais non, gras et probablement repu, la flegme semble les clouer à leur siège. Heureusement pour moi..
Enfin c'est mon tour, le douanier me laisse passer en priorité et je suis dirigé vers une cabine un peu à l'écart tandis que je dois me frayer un chemin parmi les piétons et leur ballot. En tant que véhicule léger , je suis invité à passer au guichet des poids lourds. Les formalités sont rapides. Ouf j'ai définitivement échappé à mes deux siffloteurs. Ici les postes frontières sont bien séparés. Du côté Kazackstan, j'ai également un traitement privilégié. En tant que membre de la communauté européenne, je peux bénéficier d'un visa de courte durée.. Mais il me faut quelqu'un qui parle anglais. Je suis donc orienté vers un préposé anglophone. Les échanges seront courtois. Manifestement mon interlocuteur a du plaisir à parler anglais et de surcroît avec un motard. Cela le change du train train quotidien.
Ca y est je pénètre dans l'Oblast d'Almaty puis celui de Djamboul. Sur la route déserte, il y a au milieu de nulle part, un panneau Stop. À proximité immédiate, il n'y a aucune présence visible mais peut être au loin. Et de fait je verrais des policiers à plusieurs reprises à proximité de panneaux indicateurs de limitation de vitesse ou de stop. Un vrai jeu de cache-cache..s'arrêter au milieu de nulle part pour respecter un panneau stop confine à l'absurde, du surréalisme. C'est l'occasion de prendre une photo de ce monde quasi irréel.
La route en ciment est d'excellente qualité, mais j'y croise peu de voitures sinon quelques véhicules militaires.
Hormis les passages dotés de panneaux indicateurs, j'interprète qu'il n'y a pas de limitations de vitesse. Au passage de là frontière je n'ai pas observé de panneaux rappelant les règles comme cela se pratique en Europe.. Alors dans le doute, je mets les gaz..il me reste moins de deux cents kilomètres jusqu'à Almaty..
Almaty est une ville pimpante très prisée par les Russes. L'architecture est colorée. Les constructions sont beaucoup plus élégantes et variés que ce que j'ai pu observer ces derniers jours. Les rues sont larges mais décorés d'arbres et de diverses végétations. La vie y est agréable.
Les Yes Hostel n'est pas facile à trouver. Mes divers interlocuteurs ne sauront pas me le situer. En fait, il s'agit de bâtiments industriels qui ont été aménagés. Ce n'est guère la période de forte affluence touristiques aussi j'aurai un dortoir complet à ma disposition et c'est l'occasion de faire ma petite lessive... avant de repartir à la rencontre des Ouighours ..
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